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« (…) Deux des réalisations auxquelles Jean Prouvé tient le plus, l’école de Villejuif et la buvette d’Evian donnent l’exemple d’une évidente unité conceptionnelle où apparaît sa maîtrise.

Dans ces deux bâtiments, (…), l’élément porteur est constitué par une béquille métallique permettant de spectaculaires porte-à-faux de la toiture et répondant à l’appui complémentaire des poteaux légers qui délimitent la façade.

Cette réduction radicale du système de support à une série d’éléments simples donne à ces bâtiments une morphologie très caractéristique de l’esprit de Prouvé : la toiture inclinée permet à la façade de s’ouvrir largement, la souplesse d’application des « murs rideaux » autorise un usage fréquent des panneaux de verre, accentuant la compénétration du décor naturel et de l’espace interne.

Les lignes de force, les réseaux de tension, la recherche du point d’équilibre enfantent une esthétique de l’élan, de l’expansion plastique, de l’asymétrie directionnelle qui est non seulement la conséquence d’un parti architectonique éminemment fonctionnel, mais la représentation d’une attitude mentale dans laquelle nous reconnaissons l’esprit « pionnier » résolument novateur et actif du constructeur.

Toujours ici, la sobriété des moyens, la modestie et l’efficience du propos, le génie de la simplicité conceptrice font œuvre de beauté.
L’esthétique s’impose après coup et triomphe, par surcroît.
»

G. Gassiot-Talabot, « Jean Prouvé », Cimaise n°54, juillet-août 1961, p.112.

© Lucien Hervé. Archives Judith et Lucien Hervé, Paris.

Entre poésie, concept pur et pragmatisme…

L’idée de nomadisme dans le bâtiment est une sublime contradiction… Seule la tente répond aux exigences éphémères des peuples mobiles…
Lorsque Jean Prouvé invente le « démontable-déplaçable-remontable », aux confins d’un système industriel, il est difficilement envisageable que l’élégance et l’esthétique poétique trouvent leur place entre deux tôles pliées…

Et pourtant…

Ce type de structure qualifié de « provisoire » ou « nomade », a été conçu pour être installé et éventuellement déplacé très rapidement, afin de répondre en urgence à des demandes d’équipement à usages multiples. Sa conception à partir de quelques éléments sériels permet de scinder le bâtiment en plusieurs sections à la taille voulue.

À l’instar de toutes les réalisations de Jean Prouvé, l’intelligence du concept, la robustesse et la qualité d’exécution est telle, que plus de 50 ans après, ces structures en parfait état démentent avec éclat leur qualificatif de «provisoire». La facilité de démontage et de remontage justifie pleinement l’appellation de «nomade».

© Lucien Hervé. Archives Judith et Lucien Hervé, Paris.

  • 1957 réalisation et première implantation de trois unités en région parisienne, à usage d’écoles provisoires.
  • 1958 l’un des bâtiments est détruit par un incendie, et les deux autres sont démantelés peu après.
  • Vers 1967, l’architecte Maurice Silvy, ancien collaborateur de Jean Prouvé, récupère une partie de l’une des structures afin d’y installer son agence d’architecture à Massy, en région parisienne.
  • Fin 2008, Eric Touchaleaume fait l’acquisition , in extremis avant sa destruction programmée, d’un « Local commercial à démolir sur grand terrain constructible dans zone pavillonnaire vieux Massy » ( sic texte de l’annonce immobilière). Elle porte le nom de Grande Structure Nomade bleue de Massy
    D’autres « tranches » de structures récupérées lors du démontage du site d’origine, ont été réutilisées pour différents usages: Une section de 17,50 x 10 mètres reconvertie en chapelle à Quiberon (Bretagne) a été rachetée par Eric Touchaleaume. Petite Structure Nomade rouge de Quiberon.
    Enfin, une courte section de quelques mètres a été réutilisée en salle de classe à Boulogne-sur-Mer, puis démontée en 1988 et exposée au Centre Georges Pompidou lors de la rétrospective Jean Prouvé en 1991.

 

© DR. © Archives Jean Prouvé - Centre Georges Pompidou MNAM/ CCI Bibliothèque Kandinsky, Paris.

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