Hôtel particulier Martel au n° 10 de la rue Mallet – Stevens
Depuis l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de 1925, Mallet-Stevens et les frères Martel sont amis et collaborent sur plusieurs projets artistiques. Les deux frères choisissent donc de faire construire leur hôtel particulier/atelier par celui-ci, pour abriter leurs familles respectives et travailler dans un atelier commun au rez-de-chaussée. Le père des sculpteurs les aide financièrement et habite le dernier étage, un « studio » réalisé sous la direction particulière de Gabriel Guévrékian.
Le dénivelé caractérisant la maison commence dès l’atelier, étagé sur plusieurs niveaux. Le décalage se répercute sur le reste de la construction, chacun des trois appartements étant distribué en duplex.
L’axe de la construction est constitué par la tour cylindrique de l’escalier principal, terminée par un belvédère coiffé d’un disque en ciment, dont la face inférieure est carrelée de mosaïque de pâte de verre rouge. L’escalier est éclairé par un vitrail à motifs géométriques de Louis Barillet, débutant au niveau de la terrasse du 2ème étage, soulignant la verticalité du volume. Au plafond de la cage d’escalier est fixé un miroir circulaire se réfléchissant avec celui placé au pied de l’escalier, créant ainsi l’illusion vertigineuse d’un puit sans fond, qui n’est pas sans rappeler l’ambiance surréaliste des décors de films de l’architecte.
Trois différentes entrées s’ouvrent en façade du bâtiment :
– A gauche, le garage à portes pliables en tôle laquée noir, ajourées de découpes carrées.
– À droite, la haute porte coulissante en tôle laquée noir de l’atelier et sa plaque en verre dépoli fixée sur la porte indiquant « Jan et Joël Martel – sculpteurs ».
– Au centre, la porte-grille en métal laqué argent à deux vanteaux coulissants de l’entrée principale, dont les motifs en lignes brisées répondent à ceux du relief cubiste en miroir polyédrique des frères Martel, lui faisant face, est attribuée à Mallet-Stevens dans le portfolio présenté par Jean Prouvé Le Métal, édition Charles Moreau, 1929.
Dans le même ouvrage, figure également la remarquable grille intérieure en fer forgé du hall d’entrée de l’Hôtel Reifenberg, première oeuvre parisienne du jeune ferronnier Jean Prouvé, qui évoquera avec émotion, lors d’un entretien en 1982, sa première rencontre avec Mallet-Stevens.
Pour toutes les photos de l'appartement de Jan Martel © Photo Thérèse Bonney - Ministère de la Culture - France - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine.