gallery

Nous savions par des coopérants français que les deux Maisons Tropicales de Brazzaville étaient encore en place à la fin des années 80. Depuis, le Congo avait sombré dans les guerres civiles à répétition. Les maisons y avaient-elles survécues ?

Dès le premier soir de notre arrivée, en mars 2000, mon ami Gérald Moreau et moi-même, décidons malgré le couvre feu, d’aller sous bonne escorte boire un verre dans le centre ville dévasté. Nous montrons au chauffeur  les quelques photos des maisons dont nous disposions et instantanément il nous répond avec un grand sourire : « Pas de problèmes ce sont les cases en tôle de l’avenue Paul Doumer à côté de la grande Poste, face à Cogelo » (Loto national Congolais). Cinq minutes plus tard, nous n’en croyons pas nos yeux lorsque la voiture s’arrête devant les maisons. Malgré les impacts de balles, les « verrues » rajoutées au cours des ans, l’aspect lépreux et la rouille, elles sont pratiquement complètes, occupées par de petites entreprises qui les maintiennent debout vaille que vaille à grand renfort de bricolages……

La suite : six mois d’interminables palabres, joies, déceptions, coups tordus, rencontres de gens merveilleux et d’autres moins… et finalement des souvenirs fabuleux plein la tête et les Maisons Tropicales toutes pimpantes exposées à Paris  et aux USA comme dans mon rêve…                                    

Eric Touchaleaume

© Photo E. Touchaleaume. Archives Galerie 54, Paris.

Les deux maisons de Brazzaville diffèrent non seulement de celle de Niamey mais également entre elles.

La plus petite (14 X 10 m) à usage de bureaux était entourée  à l’origine d’une balustrade en tubes remplacée par la suite par un garde-corps moderne.

La plus grande (18 X 10 m) à usage de logement, est équipée d’origine de garde-corps en tôle d’aluminium, toujours en place, destinés à préserver l’intimité du logis. Ces superbes pièces de carrosserie d’aluminium ajourées de rainures de ventilation évoquent des capots d’automobile de course des années 60. La face interne est peinte d’un bleu identique à celui des poteaux, la face externe est en aluminium brut.

Ces garde-corps sont curieusement montés sur pivots permettant de les faire basculer vers l’avant, cette fonction dangereuse à quatre mètres du sol avait été condamnée. Nous nous perdons toujours en conjectures quant à l’utilité de ce montage, peut être était-ce pour faciliter le nettoyage des vérandas ?

 

© Photo E. Touchaleaume. Archives Galerie 54, Paris.

En partie supérieure des garde-corps, les tôles embouties visibles sur les photos in situ sont d’inesthétiques rajouts ultérieurs.

La passerelle qui reliait entre elles les deux maisons a été adaptée pour servir de palier d’accès à la grande maison de Brazzaville. L’on retrouve ce type d’auvent sur de nombreuses maisons de Prouvé, comme les maisons de Meudon.

De par leur longueur plus réduite les maisons de Brazzaville n’ont que deux portiques axiaux, alors que la maison de Niamey en compte quatre.

Les balcons situés aux deux extrémités des maisons de Brazzaville ne sont pas équipés à l’origine de caillebotis en bois comme sur les vérandas latérales, mais de panneaux de plancher en acier qui sont la continuité du plancher intérieur. Le principe constructif de ces édifices est basé sur la répétition des éléments, il était donc possible de commander une maison à la longueur désirée en utilisant toujours le même type de pièces. Ces prototypes n’étant pas destinés à durer, les planchers des balcons totalement corrodés avaient été recouverts d’une chape de béton. Nous avons opté pour un habillage protecteur et esthétique en parquet pour pont de bateau, posé sur le plancher, ainsi qu’à l’intérieur de la maison.

© Photo E. Touchaleaume. Archives Galerie 54, Paris.

précédent
suivant
suivant