Revenant sur ses premières hésitations, Le Corbusier déclara qu’il se vouerait corps et âme au nouveau projet.
Il annonça ensuite aux autres membres de l’équipe, que, une fois qu’ils seraient tous à pied d’œuvre, ils devraient changer le plan de Meyer et « commencer par le commencement. »
À la différence de l’américain, le français entendait honorer la culture indienne – le mode de vie millénaire des paysans, ainsi que la beauté géométrique des temples hindous en pierre sculptée.
Lors du choix de Chandigarh (…) le premier ministre Jawaharlal Nehru avait déclaré que le site ne présentait aucun des handicaps des vieilles villes et des vieilles traditions : « Que ce soit la première grande expression de notre génie créateur à s’épanouir sur notre liberté nouvellement acquise. « (…)
Lorsqu’il apprit les intentions de Le Corbusier, Nehru ne cacha pas son enthousiasme. Le désir de l’architecte de faire une architecture qui ne fût « ni anglaise, ni française, ni américaine, mais (fût) « indienne » de la seconde moitié du XXe siècle » correspondait exactement aux vœux du Premier ministre.
Après s’être envolé de Genève le mardi matin, 20 février 1951, les cousins Jeanneret firent une première escale au Caire.
De là, ils prirent un Constellation d’Air India pour Bombay, puis poursuivirent leur voyage vers Delhi, ou ils atterrirent au milieu de la journée de mercredi.
Les villages qu’ils avaient traversés sur la route en venant de Delhi étaient si anciens que personne ne savait de quand ils dataient ; il se sentait relié aux origines du monde. C’était un paradis terrestre en parfait accord avec tout le cosmos ; il s’émerveillait de l’imbrication d’une infinité de formes de vie, hommes, femmes, enfants, ânes, vaches, buffles, chiens, toutes opérant en rapport les unes aux autres dans une sorte d’unité.
(…) Roulant en jeep sur un terrain rocailleux dépourvu de routes, réfléchissant à la ville nouvelle, vivant dans un premier temps sous la tente, dormant peu, il était éreinté, mais vivre à la dure ajoutait encore à son enthousiasme. (…)